Conscience et Intelligence artificielle(s) vues par Jacques Pitrat
Gérard Sabah1
1 6 allée des Ormes 78470 Saint-Rémy-lès-chevreuse, France
Revue Ouverte d'Intelligence Artificielle, Volume 3 (2022) no. 1-2, pp. 179-192.

Pendant de longues années, les chercheurs en intelligence artificielle et en sciences cognitives se sont gardés d’aborder le thème de la conscience, vue comme une notion trop vague pour permettre une étude scientifique. Ainsi, Bertrand Russell [14] prétendait les résultats de l’introspection scientifiquement inutilisables car n’obéissant pas aux lois physiques. De même, le behaviourisme, voulant fonder la psychologie comme science exacte, exclut toute notion d’état mental, et rejette ce qui concerne la conscience comme fondamentalement hors de son domaine.

Un renouveau de cette question est dû à la théorie darwinienne de l’évolution et au matérialisme orthodoxe. Par ailleurs, Searle [21] estime scandaleux qu’une science qui se veut étudier l’esprit ignore les aspects liés à la conscience. Le problème essentiel est alors d’expliquer les sentiments, la conscience et le libre arbitre en ne se fondant que sur les lois physiques.

Après avoir précisé quelques idées générales sur l’intelligence et la conscience, j’expliciterai les raisons qui m’ont amené à m’intéresser à la conscience à partir du traitement automatique des langues et je décrirai les aspects de la conscience que Jacques Pitrat a mis en œuvre dans CAIA (Chercheur Artificiel en Intelligence Artificielle).

For many years, researchers in artificial intelligence and cognitive sciences have refrained from approaching the theme of consciousness, a notion considered as too imprecise to allow scientific study. Thus, Bertrand Russell [14] claimed the results of introspection scientifically unusable because they do not obey physical laws. Likewise, behaviourism, wanting to found psychology as an exact science, excludes any notion of mental state, and rejects what concerns consciousness as fundamentally outside its domain. A revival of this question is due to Darwinian theory of evolution and orthodox materialism. On the other hand, Searle [21] finds it scandalous that a science studying the mind ignores the specificities of consciousness. The main problem then is to explain feelings, consciousness and free will based only on physical laws. After having clarified some general ideas on intelligence and consciousness, I will explain why, working on natural language processing, this lead me to be interested in consciousness. Then, I will describe the aspects of consciousness that Jacques Pitrat has implemented in CAIA (Artificial Researcher in Artificial Intelligence).

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DOI : 10.5802/roia.27
Mot clés : Conscience artificielle, traitement automatique des langues, résolution de problèmes
Keywords: Artificial consciousness, natural language processing, problem solving
Gérard Sabah 1

1 6 allée des Ormes 78470 Saint-Rémy-lès-chevreuse, France
Licence : CC-BY 4.0
Droits d'auteur : Les auteurs conservent leurs droits 
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[8] G. Edelman Biologie de la conscience, Éditions Odile Jacob, Paris, 2008 (traduction française de Bright Air, Brilliant Fire : On the Matter of the Mind, New York  : Basic books, 1992)

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[17] G. Sabah; X. Briffault CARAMEL : a Step towards reflexion in natural language understanding systems, Proceedings of IEEE 5th International Conference on Tools with Artificial Intelligence (ICTAI ’93) (1993), pp. 258-265

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[21] J. Searle The rediscovery of mind, Cambridge University Press, 1992 | DOI

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